Comme une eau très claire au début du printemps — Résidence de création

Résidence de travail

Résidence de création théâtrale. « Comme une eau très claire au début du printemps » d'après le début du roman de Jean-Pierre Martinet : Jérôme. Éditions Finitude. Avec Rozenn Biardeau, Paul Moulin et Cyrille Labbé. Adaptation, scénographie et mise en scène : Cyrille Labbé Collaboration artistique : Céline Bénard, Guillaume Moitessier et Charles Langellier Création lumière : Grégoire Richard Régie G: Kim Lert CommeUne1 Création 2014-2015 Production La Générale Les 18, 19 et 20 mars 2014 à 20h30 Entrée en libre participation Réservation conseillée : reservation.lagenerale@gmail.com   Les quatre premiers chapitres de Jérôme se passent à huis clos dans l’appartement des Bauche. Le pseudo Saint du quartier, Monsieur Cloret, tente de convaincre Jérôme Bauche encore à la charge de sa mère à 42 ans, de travailler dans une usine de fabrication de fleurs en papier crépon, parce que la mère Bauche, elle n’en peut plus de son fils, elle n’en veut plus, en fait, elle n’en a jamais voulu. Un huis clos de Série noire... Les personnages de Martinet sont coincés dans ce salon poussiéreux des années 70, salon ou « baraque de foire » c'est selon, qui devient pour nous le petit théâtre grand-guignolesque de leur naufrage : le nauffrage de la mère Bauche, veuve, vieille et alcoolique, les prémices de celui de Jérôme, paranoïaque, boulimique et pédophile et celui de Monsieur Cloret, cet homme dont la foi n’a d’égal que son désespoir. Jérôme Bauche est pauvre et obèse. Il est obsédé par une très belle adolescente bourgeoise, Polly. Se venger. Voler la beauté. Histoire hallucinante d’un paria. Naissance fascinante d’un monstre. Enfermé en lui-même, soustrait aux gardes fous de la société, l’homme faillit, vacille, il franchit une frontière invisible, s’enfonce dans une forêt obscure comme Dante jusqu’au dernier cercle de l’Enfer. Imaginez un monde sans printemps. Quel homme, sans cesse humilié par sa propre mère et méprisé par la société, devient-on? Un monstre, répond Martinet. Comment vivre sans amour ? Sans la peau, l’odeur, le souffle d’une femme ou d’un homme ? On ne peut pas, répond Martinet. Et l’amour pour autrui peut-il être autrement qu’une violence, lorsque celui qui attend désespérément d’être aimé, ne parvient pas à s’aimer lui-même ? Non. Chacun d’entre nous conserve le souvenir douloureux d’une relation affective conflictuelle, d’une rupture amoureuse, de la mort d’un proche. Ceux là, Les Bauche et Monsieur Cloret en sont mais ne s’en sont pas relevés. Chez Martinet, vivre n’est pas inné. Vivre est une épreuve. Vivre est un don dont nous ne sommes pas tous dotés. Le printemps semble une nature morte, l'amour un fantôme. Et la beauté de la vie file entre les doigts comme une eau très claire... Alors L'humour très noire de Martinet opère à vif. Un rire s'étouffe, éclate, nous échappe, nous cueille. Jérôme questionne notre capacité, notre force à surmonter les blessures affectives, les traumatismes, à faire nos deuils, puis à rebâtir ; la résilience, le courage, ou si l’on préfère l’héroïsme, c’est selon, à être responsable de soi-même et des autres, à être peut-être finalement ce que nous nommons « adulte ». Ici le théâtre se construit avec trois fois rien de ferraille et d'artifice, et le chemin qu'il tente d'emprunter est aussi abrupt et escarpé que les chemins qui sont creusés aux flancs des montagnes, et bordés de fleurs sauvages. La langue inouïe de Martinet est une matière vivante qui nous emmène : « Mais enfin : dans la neige des derniers jours. Solange : pour aller où tu ne sais pas, vas par où tu ne sais pas. »  Un travail sur la fragilité, en somme, comme une coquille de noix. Cyrille Labbé Remerciements : Alfred Eibel, David Levadoux, Emmanuel Ferrand, Eric Thébaut, Ivanne Barberis, Sidonie Han, Céline Pérot, Maïa Sandoz, Fanny Olivier, Yaël Elhadad, Elsa Bosc, Delphine Dumont, Julien Imbert, Tatiana Gutierrez, Emilie Piles, et l'ensemble des Artistes Activistes Associés de La Générale.

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